Un renouveau dans les vergers
«Regarde ces oliviers enherbés, après deux ans sans herbe faute de pluie ! Le sol est désormais recouvert d'herbes, de légumineuses, de graminées…».Le sourire de Carlets (paysan à Mula, Proyecto Rúcula) s'entend dans son message vocal, arpentant la parcelle d'oliviers en cette fin avril, confiant pour la prochaine récolte (photo ci-contre).
À Mula et dans les alentours, le mois de mars a apporté des pluies abondantes, redonnant vie aux sols desséchés. Les adventices, ces herbes sauvages, ont envahi les vergers. « En ce moment, c'est une lutte constante pour les contrôler. Le broyeur attelé au tracteur de José [de l’équipe salariée BioEspuña en Espagne] et les débroussailleuses tournent à plein régime pour éviter d'être débordés », raconte Grégory, un collègue deBioEspuña en Espagne
Dans certaines régions comme Mula (zone irriguée pour les agrumes) ou Benamargosa dans la région de Málaga (avocats et mangues), l’équivalent d’une année de précipitations est tombé en quelques semaines. Il y a eu beaucoup d'eau en peu de temps, ce qui n'a pas facilité les récoltes en mars, mais c¡est salvateur ! En revanche, dans les zones de Jumilla (Casa Pareja), Yecla (Deortegas) et Villarobledo (Maná Pistachos), il y a eu très peu de pluie, donc le stress hydrique demeure. Marta de Deortegas nous donnera bientôt des nouvelles sur la nouvelle plantation d'oliviers et la préfloraison. La ferme se situe à 600 m d’altitude sur un Altiplano, un plateau très large et plat où il n’y a pas un arbre. Du coup, la pluie ne tombe pas car les nuages ne s’arrêtent jamais dans ce couloir ! Le changement climatique a accentué cet effet depuis quelques années.
Les Vergers en Ébullition
Actuellement dans les vergers,les récoltes des oranges et citrons se font dans l'air embaumé par le parfum de l’azahar [fleurs d’oranger et de citronnier] ce qui rend le travail plus agréable.Dommage que cela ne repousse pas les moustiques, ils sont légion en ce moment, Grégory.
La taille a également débuté, notamment celle des mandariniers, sous les soins de Jesús et Juanito. Les orangers et citronniers suivront, ceux des variétés récoltées l'automne et l'hiver derniers. Par ailleurs, les pluies ont favorisé l'essai de couverts végétaux dans les parcelles d’amandiers de la famille Marín de la Alquibla. Ci-dessous, José, salarié de BioEspuña au tracteur.
Malgré l'activité continue là-bas -Cristóbal ne manquant jamais d’idées de missions pour l’équipe-, les commandes ont été plus faibles au mois d’avril, donc le travail de récolte plus léger. Vacances scolaires, ponts de mai, changement de priorités dans les budgets des ménages : nous sommes conscients et comprenons les aspirations et les contraintes des uns et des autres. Ayant à l'esprit que notre pérennité repose aussi sur la continuité...
Nous en profitons pour rappeler quelques éléments concernant notre organisation logistique pour celles & ceux qui nous auraient rejoints il y a peu de temps : notre système repose sur de la récolte à la demande afin de garantir la qualité de nos fruits (fraîcheur, maturité, goût…) même si ces derniers ne peuvent varier sur toute une saison et d'une saison à l'autre. D’où des délais de commande à respecter de votre part ,et nos difficultés à rattraper des commandes hors délai.
Notre dynamique actuelle est de maintenir une stabilité, c'est-à-dire ne pas agrandir de manière significative le réseau de mangeurs. En France, l'équipe salariée est solide. En Espagne, des changements s'annoncent : nous allons arrêter notre prestation avec la coopérative de Pliego et intégrer le conditionnement dans notre organisation avec la mise en service d'un nouvel entrepôt à Mula, ce qui nous permettra de gagner en autonomie et en maîtrise de la qualité depuis les vergers jusqu'à la caisse de fruits. Ce changement pourrait être effectif cet été.
Peu de nouveaux producteurs intègrent BioEspuña ces derniers temps. Beaucoup de partenaires sont pluriactifs, conjuguant leur activité agricole et un emploi extérieur. Le manque de jeunes paysans s'installant dans la région est préoccupant, de même que les départs à la retraite à venir de certains piliers de BioEspuña : Juan de Casa Pareja, Cristóbal.
Retour sur le Voyage du Groupe SPG 2025
C’est ce qu’a pu constater le groupe SPG de cette année, parti en voyage sur les fermes fin février 2025. Nous avons essayé cette fois de suivre le fil rouge "social" afin de nous intéresser particulièrement aux trajectoires humaines, aux conditions de travail, aux questions socio-économiques mais aussi aux interrogations quant à la structure et à la gouvernance de BioEspuña. Ce regard renouvelé a largement alimenté la dynamique en cours depuis 2023 et a permis de répondre à plusieurs questions posées lors des voyages précédents. Continuité assurée !
Des problématiques restent constantes : comment adapter les pratiques agricoles au changement climatique ? Comment vivre de l'agriculture et résister face à des tendances et des réalités de production industrielle aux alentours ?
Le petit groupe de cette session (9 personnes dont 2 salariées de BioEspuña) est en train de rédiger une synthèse de ce voyage. Elle sera partagée avec l'ensemble du réseau, et une rencontre de restitution est prévue pour le mois de juin. Encore une expérience riche en échanges humains, un voyage apprenant et actif à travers le travail de visites et d'enquêtes sur les fermes. Merci à cette bonne humeur et à cette intelligence collective !
Merci encore pour votre soutien, votre fidélité, votre exigence & votre bienveillance.
L'équipe ici & là